mercredi 16 janvier 2019

Chronique : "As Daylight Dies" de Killswitch Engage

Le milieu des années 2000 est un moment charnière pour le metalcore mélodique et moderne. De plus en plus de groupes émergent et les plus vieux s'imposent comme les maîtres du genre. Parmi ces derniers, Killswitch Engage constitue une référence incontournable. Le pari de mêler des éléments du metalcore déjà existant avec ceux du death metal mélodique fonctionne parfaitement bien et leur permet de grimper facilement dans l'estime du public. Leur quatrième album As Daylight Dies, sorti en 2006, leur permet de confirmer leur statut. Mais au-delà de cette confirmation, c'est aussi l'expérience musicale de cet opus qui va nous intéresser, donnant une impression d'oscillation entre le l'efficacité du terre-à-terre et le dépassement par le grandiose.


         As Daylight Dies figurerait tout d'abord comme un très bon représentant du metalcore mélodique tel que nous le connaissons. Nous ne pouvons pas négliger les traits typiques du genre que sont les riffs syncopés et hachés, portés par un son de guitare très enrobé et souvent harmonisés à la manière d'Iron Maiden ou d'In Flames (Daylight Dies, Eye of the Storm, Break the Silence) ; la variété des dynamiques rythmiques qu'il s'agisse des accélérations menant parfois au blast beat (Reject Yourself), des motifs typés thrash ou hardcore (This Is Absolution, Unbroken, Still Beats Your Name) ou les ralentissements de tempo (le breakdown de Daylight Dies, le mastodonte Desperate Times) ; ou enfin la notable alternance entre chant hurlé et chant clair de Howard Jones, d'une puissance vocale certaine que ce soit avec ses hurlements bestiaux ou ses refrains riches en vibrato. Au-delà de tout cela, ce qui peut frapper à l'écoute d'As Daylight Dies est la variété de dynamiques sonores tout au long de l'album. Killswitch Engage joue volontiers avec les moments de frénésie un peu plus légers, quoiqu'épiques par moments (This Is Absolution, Unbroken, Eye of the Storm, Reject Yourself). Mais le groupe amène également des passages de ce que j'oserais appeler une lourdeur aérienne, dans lesquels le ralentissement du tempo souvent couplé au chant clair donne une impression très solennelle, qui finit par contaminer l'intégralité de l'album à force de le réécouter. L'ouverture de l'album par Daylight Dies, avec une lenteur qui se dynamise progressivement, nous donne clairement une idée de ce que l'auditeur peut attendre du reste du disque. Le morceau Break the Silence, plutôt lourd et lent, en est un autre bon exemple, avec son introduction qui annonce une bombe prête à exploser ou son refrain épique, porté par la progression d'accords imposante et les voix d'Howard Jones et du guitariste Adam Dutkiewicz. D'autres morceaux comme The Arms of Sorrow, My Curse, Still Beats Your Name, Desperate Times ou encore Reject Yourself contiennent leur lot de ce genre de moments qui touchent au sublime. La production, dirigée par Dutkiewicz, amène aussi à ce genre d'impression, non seulement par l'accumulation des pistes de guitares mais aussi grâce à un son de batterie particulier qui a l'air de porter le monde que représente cet album ou le son de basse très saturé.
        L'album sert avec cela un propos qui se veut résolument positif. Cela ne semble pas évident dans certains titres tels que Daylight Dies, The Arms of Sorrow, My Curse ou Desperate Times, qui pointent une humanité courant à sa perte et, comme sont titre l'indique, ne pouvant voir que "la lumière du jour mourir". Cependant, d'autres morceaux comme This is Absolution, Unbroken ou Eye of the Storm transmettent des paroles plus combatives, généralement celles d'une voix prête à soutenir un être second. Ainsi les morceaux ayant l'air de présenter des thèmes plus sombres sont des incitations à la prise de conscience et montrent même, dans certaines lignes, qu'il y a toujours de quoi tirer quelque chose de positif face à l'adversité ou à des situations difficiles en les abordant et en les exploitants de manière adéquate. Finalement, l'équilibre entre la légèreté et la lourdeur dont nous faisons l'expérience musicale dans As Daylight Dies correspond bien à ce mélange entre le constat d'un problème et son espoir de résolution par la combativité.

        La prose ci-dessus semblera peut-être abstraite pour la plupart des lecteurs. Mais la réécoute d'As Daylight Dies pour préparer cet article m'a permis de saisir quelque chose qui reste difficile à exprimer de manière claire. Aussi peut-être que cette expérience ne tient qu'à moi et qu'on écoutera surtout As Daylight Dies comme un album de Killswitch Engage en tant que fer de lance du metalcore mélodique. Toujours est-il que j'espère avoir montrer un angle original sous lequel aborder cet album.

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