mercredi 11 octobre 2017

Chronique : "Periphery II : This Time It's Personal"

Après un premier album et des tournées ayant obtenu un franc succès, Periphery s'embarque rapidement dans la conception de leur second effort. Celui-ci marque notamment l'arrivée de Mark Holcomb à la guitare et d'Adam "Nolly" Getgood à la basse, également co-producteur de l'album. Le résultat creuse un peu plus l'identité de Periphery et se fait résolument plus organique, plus spontané, mais sans perdre le côté démonstratif de leur metal moderne, progressif et technique.


        Pour la première fois, Periphery bénéficient de l'Oceanic Studio de Taylor Larson (From First To Last) à Bethesda dans le Maryland pour enregistrer ses nouveaux morceaux, et ne se contentent pas de la chambre du cerveau du groupe, Misha Mansoor. L'approche sonore de la production se trouve même assez différente du premier album : là où ce dernier était marqué par un son extrêmement serré et précis pour faire ressortir la technicité du groupe, Periphery II est beaucoup plus massif et couvre davantage l'espace sonore tous instruments confondus. L'approche en termes de composition a également subi une évolution. Tout d'abord, c'est la première fois que d'autres membres hormis Mansoor participent à l'élaboration de nouveaux morceaux. Scarlet est d'ailleurs à l'origine une démo de Haunted Shores, un projet réunissant Mansoor et Holcomb. On peut ajouter à cela l'espace laissé au chant : même si on ne perd pas du tout en technicité, on sent que les morceaux ont été pensés pour laisser une place à la voix de Spencer Sotelo, contrairement à la majorité des morceaux du premier opus, qui étaient des démos instrumentales auxquelles on a ajouté des paroles. Disons un mot du chant puisque Spencer Sotelo a considérablement amélioré sa technique vocale, que ce soit pour ses hurlements plus agressif et plus variés (la démence de Ragnarok) ou ses envolées dans les aigus (Erised, Make Total Destroy). La palette de morceaux se fait toujours aussi variée, voire plus qu'auparavant grâce à l'apparition croissante des accélérations de rythme (l'intro de Have A Blast!, Make Total Destroy) en contraste avec les habituels passages à tempo modéré (Ji, Ragnarok, Masamune), ou encore l'émergence de tonalités majeures (Have A Blast! en tête). On peut également souligner , la présence d'interludes (Epoch en tête), toujours assurées par Jake Bowen, et les interventions de guitaristes invités, à savoir, Guthrie Govan sur Have A Blast!, John Petrucci (Dream Theater) sur Erised et Wes Hauch (à l'époque dans The Faceless) sur Mile Zero.
        A première vue, Periphery II est à l'image du premier opus en termes de fond : un ensemble de morceaux sans réel fil rouge si ce n'est de montrer ce dont les membres du groupe sont capables quant à leur maîtrise instrumental. Cela est vrai jusqu'à une certaine mesure. Un fait remarquable vient même prouver le contraire : l'album comporte une trilogie composée des morceaux Muramasa, Ragnarok et Masamune, jouant beaucoup sur les répétitions de motifs et de lignes vocales. Outre la référence aux armes de Final Fantasy, ces morceaux agissent comme des prises de conscience de notre monde contemporain en relation avec notre condition humaine, comme le font d'autres morceaux tels que Have A Blast!, Make Total Destroy ou Erised. Puisque je citais une série vidéoludique, l'album ne manquent clairement pas de passages épiques (Facepalm Mute, Scarlet) qui donnent l'impression d'une bande-son de jeu vidéo à l'instrumentation métallique. On notera au passage que c'est la première fois que Spencer Sotelo contribue intégralement aux paroles des morceaux.

        Finalement, Periphery a su très largement renouveler leur approche dans ce second album qui se trouve distinct de son prédécesseur. Si le groupe a quelque peu sacrifié la technicité caractéristique de leur premier album, c'est pour aborder l'écriture de manière moins froide et plus spontanée, afin de faire ressentir davantage de sens à leur musique, bien que l'album ne soit pas pour autant un bloc formant une unité cohérente. De quoi annoncer de bonnes augures pour les livraisons suivantes.