samedi 27 janvier 2018

Chronique : "Meteora" de Linkin Park

Comme toujours après le succès d'un premier album vient nécessairement la pression sur l'artiste lorsqu'il annonce l'arrivée du suivant. Linkin Park n'a certainement pas fait exception après le succès phénoménal de Hybrid Theory, rapidement sacré disque de platine après sa sortie en 2000. Leur première fournée les propulse parmi les grands noms du nu metal, un sous-genre pourtant en début de déclin à cette époque mais que la formation relance en le rendant un peu plus accessible. Autant dire que Meteora est particulièrement attendu à sa sortie en 2003. Mais s'il se vend bien, quoiqu'un peu moins bien que son prédécesseur, cet album suscite une petite déception critique, la plupart des critiques le qualifiant d'"Hybrid Theory Partie 2". Il est vrai que l'écoute d'un premier single comme Somewhere I Belong laisse penser que Linkin Park se repose quelque peu sur ses lauriers, notamment quand on perçoit la formule éculée "couplet rappé/refrain chanté". Cependant, une écoute plus attentive de Meteora montre que le groupe ne cède pas si vite à la facilité et prend quelques risques musicaux.


         Commençons par évacuer quelques motifs d'impression de déjà vu. Don Gilmore est à nouveau aux commandes de la production de ce deuxième album après avoir assuré celle du premier. En ajoutant le fait que les NRG Studios Hollywood Nord ont été également remobilisés pour l'enregistrement de Meteora, on imagine que Linkin Park se place clairement dans un terrain confortable. Il est également possible d'énumérer facilement les morceaux qui reprennent la structure musicale évoquée plus haut : en plus de Somewhere I Belong, Lying From You, Faint, From the Inside, et j'en passe. Pour dire les choses franchement, la première impression globale de Meteora est que le Linkin Park de 2003 ressert du Linkin Park de 2000 : un nu metal aux riffs simples et efficaces, à la section rythmique claquante, porté par l'alternance des chants de Chester Bennington et Mike Shinoda et saupoudré des scratchs et autres samples de Joe Hahn. Mais pour aller au-delà de ce qui semble être une redite, force est de constater que le groupe a introduit quelques éléments originaux à sa musique. La production est déjà légèrement différente du premier album, plus propre et plus ample, de quoi laisser un peu d'espace à l'ensemble des instruments. On trouve également quelques expérimentations comme Breaking The Habit, un titre résolument électronique et dénué de guitares saturées ; ou encore Nobody's Listening, purement orienté hip-hop avec quelques notes de shakuhachi.
        En réalité, ce qui peut nous sembler être une redite de Hybrid Theory n'en est pas vraiment une. En tout cas, l'impression que Meteora laisse à l'écoute n'est pas exactement la même. Certes, on pourra regretter un côté un peu plus accessible que rendent certains morceaux comme Breaking The Habit, Easier To Run et la grand tube Numb. Mais c'est également dans les textes que se fait une certaine évolution. Là où Hybrid Theory évoquait principalement la vie adolescente tourmentée de Chester Bennington, Meteora semble un peu plus ouvert vers des émotions universelles, et pas seulement négatives. Des morceaux comme Don't Stay ou Faint respirent la détermination à se battre contre les circonstances fâcheuses d'une vie, souvent relationnelles. Si le côté introspectif est toujours présent, les considérations sont beaucoup moins personnelles et vont vers des perspectives qui peuvent certainement parler à un peu plus de monde.

         Finalement, Meteora se montre comme un successeur un peu plus accessible à Hybrid Theory. Pour autant, l'album conserve une certaine hargne qui place Linkin Park dans les rangs du metal. On pensera notamment au chant hurlé de Chester Bennington dont vous pourrez vous rendre compte dans l'extrait ci-dessous. J'en reviens cependant à une conclusion que j'avais faite avec Hybrid Theory : Linkin Park saura encore une fois ravir ceux qui veulent faire un premier pas vers le monde du metal sans s'attaquer immédiatement à des tendances extrêmes.