vendredi 3 mars 2017

Chronique : "Lost In Nebula" d'I The Omniscient

Comme le nu metal dans les années 2000, on comprend que la vague djent du début de la décennie ait suscité une certaine admiration, notamment chez les plus jeunes. Qu'à cela ne tienne, les parisiens d'I The Omniscient, aujourd'hui séparé, a largement puisé ses influences dans une grosse partie du catalogue de Sumerian Records et d'artistes divers et variés, même hors metal (cf. l'épisode de 2Guys1TV qui leur est consacré, la vidéo avec laquelle je les ai découverts). Formés en 2010, ils sortent leur premier et seul EP un an plus tard. Intitulé Lost In Nebula, il montre assez bien les qualités d'un groupe qui se cherche encore mais qui assure le boulot correctement.


Ce premier jet vient évidemment jeter les bases du style du groupe : un metal moderne et technique, pas nécessairement original, mais doté d'un bon sens de la composition et d'une bonne maîtrise instrumentale. Encore une fois, la composition est issue d'une pioche dans des influences diverses et variés : les blast bleats et envolées du death metal technique, les breakdowns typique du metalcore moderne ou encore les grooves imparables à la Meshuggah. On a même des éléments d'ambiance et des ajouts en post-prod : la conclusion orchestrale de The Parallel (coucou Born Of Osiris), l'incursion dubstep sur Transcending Reality et les quelques passages en guitares claires dignes d'Animals As Leaders. On remarque là encore que l'originalité n'est pas vraiment au rendez-vous. Mais l'effort de composition vient équilibrer la donne : rien n'est gratuit et les enchaînements sont propres. Seule exception : en prenant l'EP tel quel, l'ensemble dégage un côté fourre-tout, même si les morceaux s'enchaînent finalement assez bien. A noter deux titres remarquables : le long morceau A Hostile Entity et l'instrumental Contemplation.
        Côté instruments, d'ailleurs, les musiciens savent ce qu'ils font et sont suffisamment carrés sans être mécaniques, un plus quand on sait que la scène djent tend vers la précision à outrance. Cette propreté s'applique autant sur les guitares que sur la section rythmique. Quant au chant, le vocaliste délivre principalement des hurlements typés hardcore proche du style d'Oliver Sykes de Bring Me The Horizon. On trouve également quelques passages en chant clair, notamment boosté au vocoder pendant un court instant. Se constate également quelques gang vocals et un invité, Steve Garner du groupe de death metal progressif The Bridal Procession, qui délivre des growls agressifs sur A Hostile Entity.
         Vis-à-vis du contenu des paroles, sans avoir creusé vraiment de ce côté-là, I The Omniscient semble tourner autour des notions d'états modifiés de consciences, de perception parallèle et de métaphysique. En l'occurrence, A Hostile Entity a des allures apocalyptiques et, comme l'indique le titre, à travers une figure transcendante et puissante.
        Quant à la production, le rendu correspond assez bien aux morceaux : propre ou sans mécanisation ou effets inutiles. Le son de guitare notamment, quoiqu'assez générique, est plaisant à entendre.

En définitive, le seul effort d'I The Omniscient se révèle assez convaincant, et on regrettera assez la séparation du groupe pour voir s'ils auraient pu trouver leur patte personnelle autour de leur foisonnement d'influences. D'ailleurs, cet EP est disponible gratuitement sur leur Bandcamp : jetez-vous donc dessus, ça vaut le coup !