jeudi 20 octobre 2016

Chronique : Slipknot

Après quelques démos et une petite réputation dans leur ville de Des Moines, dans l'Iowa, 1999 est une année charnière pour le gang masqué de Slipknot, qui sort son premier album, lui permettant de s'imposer comme l'un des groupes de nu metal parmi les plus extrêmes.

  
        A l'écoute de ce premier album, on comprend rapidement que la dentelle n'est pas le maître-mot derrière le style de Slipknot. On a effectivement affaire à un metal nerveux, chaotique et sans concessions, mené par un groupe inquiétant et très complet. L'instrumentation est assez atypique, puisqu'en plus du conventionnel chanteur, duo de guitaristes, bassiste et batteur, Slipknot ajoute à ça deux percussionnistes, cognant sur des toms fabriqués de leurs propres mains pour redoubler la violence de la musique ; ainsi qu'un DJ et un sampler/claviériste, accentuant l'atmosphère malsaine autour de scratchs et autres effets sonores. Niveau composition, on trouve deux dynamiques principales : les morceaux purement furieux et teintés de rythmiques accrocheuses ( (sic), Eyeless, Liberate) et ceux plus lents, plus atmosphériques et torturés (Tattered & Torn, Prosthetics, Scissors). Niveau guitares, leur jeu est évidemment assez brutal, faits principalement de riffs lourds et Groove : groovy. On note également un côté assez expérimental, notamment à travers les sons de Mick Thomson, aux allures bruitistes et malsaines (les intros de Surfacing et Prosthetics). Cela créé un équilibre avec le jeu un peu plus conventionnel de Josh Brainard, remplacé par Jim Root vers la fin de la période d'enregistrement. Quant à la section rythmique, on se doute bien qu'elle est surpuissante. Joey Jordison, le batteur, enchaîne les rythmiques nerveuses et rend largement compte de sa maîtrise de la double pédale. On laisse également un certaine espace aux lignes de basse de Paul Gray, qui collent parfaitement à l'atmosphère globale de l'album. Enfin, la palette vocale de Corey Taylor fait preuve de variété. En plus de ses hurlements déments et bestiaux, il possède également un chant mélodique de qualité (Wait And Bleed, Purity, Me Inside), une étonnante capacité à rapper (Spit It Out, No Life) et une voix parlée complètement torturée (l'entrée en scène sur Scissors). On est d'autant plus impressionné quand on constate la manière dont il peut exécuter, voire combiner ces techniques.
        Le propos des morceaux est à l'image de l'album : chaotique. Il se voit traverser par des sentiments tels que la colère et la misanthropie pour les morceaux les plus nerveux ; la psychose et la dépression et l'horreur pour ceux les plus lents. A noter la provocation permanente des paroles à travers les injures en grand nombre (Eyeless, le refrain emblématique de Surfacing) et les images frappantes (Wait And Bleed, Scissors).
        Quand on sait que l'album a été enregistré et mixé dans le studio de Ross Robinson à Malibu avec des moyens entièrement analogiques, mettant de côté les technologies de pointe, on comprend pourquoi il sonne très organique et sale. Robinson souhaitait en effet capter l'énergie qui se dégageait des concerts de Slipknot. En plus de rendre le propos très spontané et sans détour, il est parvenu à construire une atmosphère pesante et malsaine sur tout l'album. A noter une exception : Spit It Out a l'air de sortir tout droit d'une démo de 1998 produite par Sean McMahon au SR Studio de Des Moines, possédant alors un son assez différent du reste. Qu'à cela ne tienne, le rendu reste toujours aussi sale et colle parfaitement à la globalité de l'album.
        J'en profite pour toucher un mot sur l'image de Slipknot : vous aurez remarquer sur la jaquette ci-dessus que l'une des particularités du groupe est de porter des masques et des costumes qui évolueront au fur et à mesure de leur carrière. S'il y a plusieurs raisons à cette pratique, on notera qu'elle participe grandement à l'atmosphère qui règne autour de leur musique.

       En bref, le premier album de Slipknot est une bombe d'efficacité et de violence malsaine, prête à l'époque de sa sortie à tout rafler sur la scène nu metal qui devait paraître alors bien sage. On peut supposer que cela a ainsi permis à divers amateurs du sous-genre de se tourner vers des groupes plus extrêmes, comme ce fut mon cas soit dit en passant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire